Postulats de départ

Le Créateur a créé la Vie sur Terre. L’Homme a créé l’Économie. La Vie sur Terre semble parfaitement s’auto-réguler (la Main Divine). L’Économie ne le fait que partiellement, et a souvent besoin d’un régulateur (l’État interventionniste), en complément de la main invisible d’Adam Smith. Bien souvent, à ce stade, la main invisible de Smith et l’action du Régulateur (politiques publiques) ne suffisent pas, à elles deux, à créer un équilibre économique stable et durable. Le point identifié d’articulation, de bascule et de déséquilibre entre cette Création Divine (la Vie) et cette création humaine (l’Économie) est, en Évolutionnisme Économique Étendu, l’ego.

L’ego humain, en déséquilibre comparé à l’ego animal, est considéré ici dans toutes ses dimensions : ses expressions de type « automatique », en réponses aux agressions (instinct de survie : peur, stress, fuite, attaque, inhibition), comparables aux échanges physico-chimiques de l’environnement naturel (automatisme, réflexe) ; ses expressions au service d’une stratégie de différenciation, nécessaire à l’existence de l’individu au sein du « tout » de l’humanité, c’est-à-dire la préservation vitale de l’individualité (impulsions jumelles d’attachement-rejet, ou d’attraction-répulsion) et enfin sa quête illimitée de puissance et de reconnaissance  : accroissement, sans limite, de la domination des autres, de la conquête de nouveaux territoires, de la gloire et de l’accumulation de richesses.

En effet, l’ego animal est rationnel, il ne cherchera pas, sans limite, à dominer tous les acteurs de son environnement, il ne cherchera pas à étendre son territoire à l’intégralité de l’espace, et l’écureuil ne mettra des provisions de côté que dans le but de passer l’hiver prochain, et non des dizaines d’hivers, jusqu’à même dépasser son espérance de vie. Ainsi, l’ego humain est considéré comme « déviant » de la Création originelle.

De plus, l’humain, au-delà de ses capacités exosomatiques et de sa qualification d’espèce ingénieure et hyper ingénieure, dispose, au service de son « supra-ego » (comparé à l’animal), de facultés supplémentaires. En effet, l’humain, au service d’une stratégie égoïque d’influence maîtrisée (et non instinctive), est en mesure de mettre en œuvre, par exemple, l’omission d’information, le mensonge, la déformation ou la réinterprétation d’une réalité, la manipulation, etc. Cet aspect, augmentant l’asymétrie de l’information, est en mesure de faire naître de nouveaux jeux économiques, notamment évolutionnistes (théorie des jeux). Cette faculté constitue un corpus supplémentaire d’outils et de moyens déployés au service de la finalité égoïque humaine, dont la spécificité, comparé à l’animal, constitue le nouveau chaînon conceptuel manquant identifié et à l’origine de notre théorie.

L’Évolutionnisme Économique Étendu apporte une pierre supplémentaire à l’édifice de l’École de l’Évolutionnisme Économique. Ils ouvrent une nouvelle grille de lecture, basée sur le comparatif entre l’économie et la synthèse évolutive élargie (biologie de l’évolution), sur les plans évolutionnaires, évolutionnistes et évolutionnels. Au concept d’économie évolutionniste étendue, issu des travaux de G. Fournier en 2010, définissant notamment l’économie comme un organisme biomimétique autonome, il est incorporé un nouveau paramètre (chaînon manquant) : la spécificité de l’ego humain comparé à l’ego animal. Cette incorporation est en mesure de créer une importante inflexion aux concepts d’optimalité, de maximisation, d’utilité et de satisfaction (microéconomie), mais est également en mesure d’expliquer des désordres ou disfonctionnements macroéconomiques. L’Évolutionnisme Économique Étendu est ainsi en mesure d’envisager de nouveaux axiomes (boulimie, insatiété, complexe économique d’Icare), de nouvelles hypothèses et écritures économétriques et de nouvelles théories des jeux économiques, notamment évolutionnistes.